Ce 1er décembre 2024 marque le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, un épisode tragique et méconnu de l’histoire où des centaines de tirailleurs sénégalais furent massacrés par l’armée française le 1er décembre 1944. Lors d’une commémoration, Mamadou Koné, ancien professeur d’histoire et de géographie et conseiller technique à la Direction des Archives et du Patrimoine Historique des Forces Armées, a présenté cet événement comme une “mémoire blessée”.
Le Sacrifice des Tirailleurs Africains pendant la Seconde Guerre mondiale
Après les deux guerres mondiales, la France a enrôlé des milliers d’hommes africains pour combattre à ses côtés. Plus de 64 000 tirailleurs sénégalais ont été envoyés au front contre l’armée allemande, lourdement armée. Faute de munitions et d’armes modernes, les tirailleurs ont souvent dû se battre avec des armes blanches. Malgré leur bravoure, 24 000 d’entre eux ont perdu la vie.
Mamadou Koné a souligné la résilience des tirailleurs face à la stratégie de la “guerre éclair” des Allemands, qui ont rapidement envahi la Pologne, la Belgique, le Luxembourg et la France en quelques semaines. Bien que l’armée française ait capitulé en signant l’armistice en juin 1940, les tirailleurs africains ont continué à résister, parfois sans soutien, et ont été regroupés dans des camps de prisonniers appelés “Frontstalags”. Beaucoup y sont morts à cause du froid, de la faim et des conditions inhumaines.
Thiaroye 1944 : Une Tragédie Inoubliable
À leur retour en Afrique, les tirailleurs attendaient justice et reconnaissance. Au lieu de cela, la France a choisi la répression. À Thiaroye, ceux qui réclamaient leur solde et leur dignité ont été massacrés. Mamadou Koné a rappelé l’histoire de Souleymane Bathily, adjudant matricule 38 546, qui, malgré ses blessures, a organisé la résistance de son unité face à l’ennemi, illustrant le courage et la dignité des tirailleurs.
L’Accès aux Archives : Un Défi pour la Vérité
Le comité d’organisation de la commémoration espère obtenir l’accès aux archives pour faire toute la lumière sur ce massacre et honorer la mémoire des victimes. Mamadou Koné a insisté sur l’importance de révéler la vérité historique pour que ce drame soit pleinement reconnu et transmis aux générations futures.
Le massacre de Thiaroye reste un symbole de la lutte pour la justice et la reconnaissance des sacrifices des tirailleurs africains, un rappel que leur courage et leur dévouement ne doivent jamais être oubliés.