Depuis sa prise de pouvoir au début du mois d’avril, le chef de l’Etat a entamé avec le premier ministre Ousmane Sonko un vaste état des lieux de la situation économique et financière du pays. Ils sont aussi, en train d’élaborer un plan d’action en repensant l’organisation de l’administration et du parapublic.
Pour leurs premières actions, des nominations à des postes stratégiques sont opérées. On nous apprend qu’un geste sera fait à l’endroit des familles des victimes de la répression policière. Également, ils ambitionnent de moderniser la justice trop souvent qualifiée d’être inféodée au pouvoir politique. Il y a aussi la réduction du coût cher de la vie, la bonne gouvernance entre autres.
Groso modo, le tandem Diomaye/Sonko veut transformer de façon systématique rapidement et en profondeur le Sénégal. Mais il est attendu au tournant. Car la barque « Sunugal » revient de très loin. Deux révoltes populaires sont passées par là, en 2021 et en 2023 avant de faire place à une révolution populaire et historique en 2024 par les urnes.
Le président Faye et son Premier ministre Sonko montrent une très belle connivence. Mais leur idylle pourra-t-elle résister à la gestion des crises?
En effet, le grand ménage a été fait dans les grandes sociétés publiques où plusieurs membres de leur entourage ont été nommés à la tête d’agences d’État et de sociétés publiques, lors du conseil des ministres du 24 avril dernier. Des nominations à des postes clés notamment à la gendarmerie, à la télévision publique ou encore au Port de Dakar qui laissent présager un partage du gâteau et un reniement qui commence en beauté pour le bonheur d’une certaine clientèle politique à bout de souffle.
Certains laissent entendre que le duo Diomaye/ Sonko a placé ses hommes et limogé ses adversaires. Car presque tous ceux qui ont été choisis, faisaient partie du directoire de campagne du président.
Mais comme dirait l’autre, c’est un équilibre à trouver entre technocrates et fidèles qu’il faut promouvoir.
Dans tous les cas, avec ces nominations qui permettent de remercier des soutiens, un jeu d’équilibriste classique de la politique au pays de Cheikh Anta Diop, est loin de donner un signal de rupture.
Et pourtant, Ousmane Sonko avait promis que certains postes stratégiques seraient soumis à un appel d’offre. Maintenant, l’on peut se demander le pourquoi de cela.
La polémique est vite montée autour de ces nominations de camarades de parti dont la qualité et l’adéquation font carrément défaut sauf au CDC, à la Poste et aux Domaines. Certains ont décrié le cas de la RTS et du Port où aucune enquête de moralité n’aurait été faite sur ces personnes qui, pour la plupart, n’ont que leurs toges de politicien.
Et au vu de ce qui se passe, on ne peut aucunement parler de rupture. D’ailleurs, l’amorce prouve à suffisance que c’est le même système qui va se perpétuer.
Si certains y voient une vengeance, pour ne citer que le cas du général Moussa Fall pour qui les compétences ne sont plus à démontrer, d’autres évoquent l’urgence et la confiance.
Mais la rupture systémique dans la gouvernance des affaires publiques vendue aux sénégalais est encore loin de la réalité. En effet, malgré quelques mesures fortes, notamment dans le domaine de la rationalisation des dépenses publiques et du retour à l’orthodoxie républicaine, l’actuel chef de l’État s’illustre de plus en plus par des déclarations d’intention dont certaines suscitent des interrogations sur la réelle volonté de matérialiser cet engagement de promotion d’une bonne gouvernance sans agréments.
Les actes déjà posés d’ailleurs bien qu’appréciés par bon nombre de nos compatriotes apparaissent comme un arbuste qui cache un immense forêt, tellement les défis sont énormes. La réalité du pouvoir a pris le dessous sur les promesses de Sonko et Diomaye.
La publication des rapports de l’OFNAC et l’ouverture d’enquêtes contre des personnalités épinglées ont été faites mais la tâche ne semble pas facile ni aisée pour le locataire du Palais de Roume. Ira-t-il jusqu’au bout de sa logique qui consiste à remettre les pendules à l’heure après plus d’une décennie de règne du « Macky »? L’avenir nous édifiera. Par contre ce que nous savons, c’est que nombreux sont les concitoyens qui pensent que nous revivrons exactement le même scénario qu’avec Senghor, Diouf, Wade et
Macky qui, d’ailleurs, n’ont jamais pris en compte la priorité encore moins la compétence mais plutôt l’urgence. Du moins depuis les années 2000 et peut-être un peu avant, des périodes où nos gouvernants n’ont passé leur temps qu’à s’endetter au nom du Sénégal.
Aujourd’hui, on se rend compte que, finalement, la promesse électorale n’engage que ceux qui y croient comme disait le Pape du Sopi.
« Wait and see », l’avenir dira si le tandem présidentiel survivra à l’épreuve de la pratique du pouvoir.
Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur