Ouverture à Dakar de la journée nationale du dialogue ce matin au Centre International de Conférence Abdou Diouf de Diamniadio. Ce dialogue initié par le Président de la République Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye a pour thème la réforme et la modernisation de la justice. Dans son discours d’ouverture, le Président Diomaye Faye a annoncé l’importance du dialogue dans sa gestion. Cette cérémonie qui nous rassemble s’inscrit harmonieusement dans nos véritables traditions, socioculturelles de « disso » que nous perpétuons au sein de nos familles et de nos communautés. Fidèle à cet héritage de longue date, j’ai tenu à maintenir dans le calendrier républicain la date symbolique de 28 mai consacrée au dialogue national.
« Je réitère aujourd’hui, la priorité élevée que j’accorde à la concertation comme mode de gouvernance des affaires publiques ».
Le Président Diomaye se dit convaincu que la vertu préventive du dialogue en temps de paix éloigne le spectre de la tension et favorise les dynamiques consensuels consolidant la démocratie et assure la stabilité indispensable au développement économique et social dans l’intérêt supérieur de la nation.
Dialoguer en temps de paix en partageant la part d’humanité qui existe en chacun de nous, est un examen à l’aune duquel une nation mesure sa grandeur peste-il.
C’est tout le sens de cette journée dont le thème porte sur la réforme et la modernisation de la justice. La problématique est que l’urgence d’y faire face nous interpelle tous au-dessus de toute considération partisane dit-il.
La diversité des acteurs ici présents en témoigne éloquemment pour faire de cette concertation un cadre inclusif le plus large possible, nous avons lancé le 23 mai la plateforme « Jubanti » pour recueillir les contributions citoyennes.
La justice est rendue au nom du peuple, Il est donc pertinent que le peuple ait son mot à dire sur la manière dont elle doit être rendue souligne le Président de la République.
Dans cette intervention, le Président Diomaye a rappelé que les acteurs de la justice avaient établi un rapport émettant le besoin de reformer la justice depuis 2018 à travers le garde des sceaux ministre de la justice.
Six années plus tard, le Président de la République annonce que la justice Sénégalaise a besoin d’une profonde refondation après que le Pays ait traversée par de violentes secousses.
Oeuvre collective, démarche participative et exercice de co-construction, voilà le triptyque qui doit guider notre action recommande le Président en précisant en ces termes « je voudrais particulièrement insister sur le fait que nous n’œuvrons pas ici un procès en inquisition pour désigner un ou des coupables à jeter aux orties ».
Il est plutôt question de tenir un débat lucide et serein, posé et apaisé pour ausculter notre système judiciaire et d’identifier les forces et faiblesses et chercher ensemble les solutions aptes à refonder son fonctionnement et améliorer ces performances dit-il.
Le Président a rappelé les principaux fondamentaux de la justice dans un état de droit à savoir: la séparation des pouvoirs, l’indépendance l’impartialité et l’intime conviction du juge, l’égalité de tous devant la loi, la présomption d’innocence, le principe du contradictoire, le droit à un procès équitable et habeas corpus bouclier contre les arrestations et des détentions arbitraires. En rappelant ces principes énoncés, encadrés par les textes légaux est réglementaire, j’ai en même temps conscience qu’il ne suffisent pas à un seul, pour jauger l’indépendance, la crédibilité et l’efficacité d’un système judiciaire.
En effet, quelque soit la pertinence des textes, c’est d’abord et surtout à l’aune de la pratique qu’on peut juger si un système judiciaire répond aux idéaux et exigences de l’État de droit.
Voilà pourquoi à travers ces assises, nous voulons interroger notre système judiciaire, en révisant ses règles et mécanismes afin de les perfectionner et de le hisser à la hauteur des ambitions et aspirations de notre peuple.
Les thématiques qui seront débattues incluent notamment le statut des magistrats, l’organisation et le fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature, la dématérialisation du service public de la justice, la justice est le numérique, le temps du procès pénal, le régime de la sanction pénale, le cadre juridique et institutionnel de l’administration pénitentielle, les conditions de détention et de préparation à la réinsertion sociale des détenus, le régime de la privation de liberté, la prise en charge des enfants en danger ou en conflit avec la loi.
La finalité de cet exercice est de nous aider à baliser la voix pour une reforme pragmatique de notre système judiciaire afin qu’il inspire davantage confiance en justiciables et préserve sa dignité.
Pour se faire, nous devons travailler à mettre en place un système plus transparent, de gestion de la carrière des magistrats, à définir un régime de privation de liberté, mieux encadrée, à aménager, un dispositif législatif et institutionnel de nature à favoriser la célérité dans le traitement des procédures judiciaires et à humaniser univers carcérale.
À instituer des plateformes dématérialisées et fonctionnelles pour améliorer le fonctionnement du système par l’allocation de moyen budgétaire suffisant et la poursuite du programme de construction et de réhabilitation des infrastructures.
Il convient aussi de rappeler que pour bâtir l’état de droit que nous voulons, la réforme et la modernisation du système judiciaire ne doivent pas seulement se limiter au volet pénal qui il est vrai polarise plus notre attention collective.
Nous ne devons pas oublier les affaires civiles dont la matière commerciale constitue une composante majeure. Le droit du travail et le contentieux administratif sont autant de domaine dans la prise en charge du fonctionnement de la justice.
En apportant nos réflexions sur tous les sujets à l’ordre du jour, je souhaite que nos échanges s’inscrivent dans une démarche pragmatique et répondent à la finalité de l’exercice.
Mais ce faisant, gardons-nous de vouloir bâtir une République des juges qui remettait en cause le principe cardinal de la démocratie à savoir le gouvernement du peuple par est pour le peuple en vertu duquel, les élus restent les dépositaires légitime du pouvoir étatique.
Je suis confiant que nous pouvons y parvenir par le concertation sereine ouverte et apaiser conclut-il.