Le tribunal correctionnel hors classe de Dakar s’est penché sur l’affaire Ndeye Fatou Fall allias Falla Fleur accusée de tentative de sortie irrégulière de correspondance à la maison d’arrêt des femmes de Liberté 6. La mise en cause Falla Fleur s’est présentée une nouvelle fois au tribunal de Dakar. Cette fois-ci dans l’affaire l’opposant à la direction de la prison des femmes de Liberté 6. Devant le tribunal correctionnel hors classe de Dakar Falla Fleur a bien répondu présente contrairement à l’agent pénitentiaire Fatou Faye qui devait représenter l’administration pénitentiaire et qui s’est brillée dans son absence.
La procureur Mme LAM qui avait sollicité le renvoi à une date utile le 30 octobre dernier pour la comparution de l’accusé Falla Fleur qui n’était pas extraite de sa cellule et de la surveillante, a tout bonnement demandé au juge de maintenir l’audience d’aujourd’hui.
Poursuivi pour des faits de tentative de sortie irrégulière de correspondance Ndeye Fatou Fall devant la barre a nié les faits dont elle est accusée.
Falla Fleur justifie ses écrits comme étant une méthode pour se détendre. « A la maison d’arrêt des femmes de Liberté 6, il n’y a pas de psychologue et je tenais mon journal de bord pour gérer mes émotions à travers mes écrits. » Ces écrits me soulagent et je déchire après a – t – elle soutenue devant la barre.
Je connais la méthode de l’administration pénitentiaire. Parceque avant la visite les gardes font une fouille corporelle connaissant cela, je ne pouvais pas m’exposer à leur sanction. C’est pourquoi j’ai déchiré la note pour la jeter dans la poubelle. Dite-elle.
Poursuivant ses propos, Falla Fleur déclare : « le jour de la visite la cheffe Fatou Faye m’a demandé de soulever ma robe chose que j’ai acceptée après, elle a mis sa main dans ma poche elle a sorti cette note et je lui ai dit que c’était destiné à la poubelle. C’est ainsi qu’elle m’a demandé de la laisser jeter dans la poubelle avec la écrit d’une dame qui s’appelle Maréga. A la fin de la visite j’ai trouvé les écrits de la dame Maréga dans la corbeille sans la mienne immédiatement j’ai alerté mes codétenues pour leur faire savoir que quelques choses se préparent contre moi. »
A la question du procureur de savoir : la lettre que tu as rédigé dénigre l’administration pénitentiaire et pourquoi tu l’as mis dans ta poche ? Le contenu de cette lettre est compromettant, quelle était la nécessité de l’avoir avec toi?
Falla Fleur de répondre avec courtoisie. Ce jour-là j’ai été surprise de la visite de mes parents. Car nous les détenus politiques étions sous sanction de la direction à cause de notre grève de la faim. Je ne me suis nullement préparé à recevoir une visite. Donc je me suis levée spontanément pour répondre à l’appel de la garde c’est ainsi que j’ai sû que je devais avoir une visite.
Ndeye Fatou Fall connaissez-vous le règlement intérieur de la maison d’arrêt des femmes de Liberté 6 ? Demande le juge.
Falla Fleur non monsieur le Président d’ailleurs votre question faisait partie de notre plan revendicatif mais nous n’avons pas reçu le règlement intérieur.
Et toute la persécution que nous avons subi et nous continuons de subir est partie de notre volonté d’observer une grève de la faim pour réclamer notre libération et de meilleures conditions de vie carcérale. Contrairement à tout attente la Directrice a clairement soutenu que nous menons une grève contre elle. Et m’a traité comme étant l’instigatrice principale. Chose que j’ai niée farouchement en précisant à la directrice que nous sommes un groupe de détenus réclamant une meilleure condition de détention jusqu’à notre libération.
La note en question que moi je qualifie poubelle parle de contre-feu de l’administration pénitentiaire. Car nous les détenus politiques étions très stressés à cause des menaces et malgré tout cela la direction tente d’organiser un folklore « sabar » (la danse avec tam-tam) c’est pourquoi pour justifier mon inquiétude j’ai rédigé cette note que j’ai terminée par déchirée.
Prenant la parole pour son réquisitoire, la procureur a soutenu que le droit de correspondance est reconnu en milieu carcéral car permettant à un détenu d’être en contact avec sa famille. Mais c’est un droit encadré parce que les correspondances sont censurées à l’entrée et la la sortie. Ce qui laisse croire que Falla Fleur n’a pas soumet sa correspondance a la censure et ne l’avait pas déchiré comme elle a soutenue devant la barre. Si elle l’avait déchiqueté la garde n’aura pas la possibilité de la reconstituer. Seulement elle a déchiré la correspondance lorsque l’agent pénitentiaire l’a découvert.
C’est pourquoi en application de l’article 217 du code pénal, le parquet requiert 06 mois d’emprisonnement dont 03 mois ferme contre la dame Ndeye Fatou Fall alias Falla Fleur.
Dans sa plaidoirie, Me Youssoupha Camara
l’avocat de dire qu’il n’y a pas de preuve dans cette affaire. La garde s’était précipitée pour dire que Falla Fleur voulait sortir la note. Elle devait attendre si Ndeye Fatou Fall tentait de sortir la note pour la remettre à quelqu’un. Car le droit ce n’est pas la psychanalyse, le droit est une science exacte
Me Abdoulaye Tall j’ai peur pour ce pays, j’ai peur pour le lendemain de ce pays. Vouloir emprisonner un citoyen lui privée de liberté et lui privée de sa pensée.
Me Abdoulaye Tall au juge avez vous une petite preuve pour condamner cette dame dont son seul tort est son fameux langage Maintien rek. Je vous demande Monsieur le Président de remettre Falla Fleur dans son droit rendez lui justice.
Me Famara Faty
L’infraction pour laquelle notre cliente est poursuivie n’existe pas. Monsieur le Président je vous demande de la libérer purement et simplement de ces accusations.
Me Abdou Aziz DIOP Ndeye Fatou Fall n’a rien fait. Sa place c’est à côté de sa famille. Bon sang il y a des délinquants financiers qui circulent dans la rue sans craintes c’est eux qui doivent être dans les prisons. Monsieur le Président relaxez Falla Fleur qui est malade, une maladie attrapée à la cellule.
Pour Me Bamaba CISSE tous les détenus ont le droit de s’exprimer soit par écrit pour par parole. Prendre une note dans la poche d’un détenu n’est pas un délit. L’histoire retiendra qu’au Sénégal un détenu est arrêté pour avoir dit ses recentis. Comment peut-on parler de tentative de sortie alors que la dame Falla Fleur n’était pas partie au parloir avec la note.
De son côté Me Moussa SARR a rebondi dans le sens du protocole, avant de recevoir une visite les détenues sont soumises à une fouille en amont. Article 02 du code pénal dit il faut deux éléments constitutifs un début de l’action et l’absence d’un désistement volontaire. Donc on est dans une situation d’acte préparatoire qui ne révèle aucune intention contre Falla Fleur. Donc la garde Fatou Faye je ne pouvais pas imaginer ce qui est dans la tête de Ndeye Fatou Fall.
Après avoir écouté les deux parties (le parquet et les avocats de la défense, le juge a mis l’affaire en délibéré au 06 Novembre 2023.