
« Si l’oiseau a l’audace de vouloir soulever la tête du Taureau avec son petit bec, c’est au Taureau de montrer toute sa force et sa puissance à l’oiseau. Je suis contre toute idée d’indépendance de la Casamance. » Ces mots ont été prononcés par mon père Moussa KANTÈ, ancien député PS et maire de la ville de Sédhiou. C’était sa réponse lors d’une rencontre des ténors politiques de l’époque, qui s’étaient réunis à Ziguinchor pour parler de l’indépendance de la Casamance.
Ah Sacré papa !! Quand il prenait la parole, même les oiseaux et les mouches s’arrêtaient de voler, tellement l’homme était droit dans ses bottes et intraitable dans ses principes.
Je rejoins les propos de mon père. Que tout le monde se le tienne pour dire ! La Casamance ne pourra jamais être autre chose que « la Casamance du Sénégal ».
Tout d’abord, c’est parce que la Casamance est la symbiose de toutes les cultures du Sénégal. Et cela, c’est grâce à la politique de brassage culturel du président Léopold Sédar Senghor. Lorsqu’il affectait en Casamance, des fonctionnaires ressortissants des régions de Louga, Saint-Louis, Matam, Dakar, Podor, Fatick, etc., parce qu’en homme de culture, Senghor savait l’importance de ces affectations. C’était pour diluer toute idée éthniciste.
Mais paradoxalement, la Casamance malgré qu’il soit le principal grenier du Sénégal, c’est-à-dire la plus grande zone du pays qui regorge d’immenses potentialités naturelles (halieutiques, hydrauliques, agricoles, forestières et minières), est une zone dépourvue de toutes infrastructures industrielles et culturelles tant cette idée d’indépendance avec cette rébellion séparatiste qui a duré vingt longues années ont plombé le boom économique de la verte et riche Casamance.
Et aujourd’hui, voilà qu’on veut réveiller les blessures du passé! La Casamance n’a nullement besoin d’une « autonomie indépendantiste ». Car impossible et impensable que le Taureau se laisse soulever par le bec du petit oiseau.
Aujourd’hui après 20 années de rébellion, la paix est revenue dans la zone. Il urge de la renforcer en conférant une autonomie financière aux populations des trois régions de la Casamance, Kolda, Ziguinchor et Sedhiou.
Une autonomie financière qui permettra aux « casa-sénégalais »de s’auto-suffire à eux-mêmes avec des revenus générés à partir des ressources locales dont la nature leur a faites don. Des ressources financières qui leur permettront de pouvoir investir dans tout, de faire des placements, d’accumuler des épargnes et de vivre en paix !
On reconnaît un vrai leader par sa capacité à renforcer les liens plutôt qu’à désunir.
Marem KANTE