Publicite pour GAL
23 décembre 2024
Boubacar-Sèye-HSF

Cela fait plus d’une semaine que la campagne électorale en vue des présidentielles du 24 Mars bat son plein au Sénégal. La saison de « chasse électorale », durant laquelle les candidats, porteurs de l’offre politique, occupent l’espace médiatique pour se profiler, se démarquer, est ouverte.

Dans cette opération de séduction et de quête d’un électoral potentiel, la diaspora semble souvent être oubliée comme ce fut le cas dans le passé faute d’offre politique.

Faiblement évoqués dans leurs discours et programmes, d’aucuns avancent même que les thématiques liées à la migration et les problématiques des sénégalais de l’extérieur intéressent peu les différents candidats.

Et Pourtant, c’est un des poumons économiques du pays, du continent !!!
La diaspora, cette manne financière, ce poids électoral incontournable, regorge de potentialités et ressources humaines qualité capables de jouer un rôle essentiel dans le processus socio –économique et politique du pays.

Le Sénégal à l’instar des pays d’émigration comme la Chine, l’Inde et les Philippines, peine à décoller faute de politique migratoire efficace, de vision et d’initiatives stratégiques .

L’acticité de la diaspora comme socle de développement reste encore à promouvoir.

Offre politique

Vu que la migration est devenue un élément essentiel de la géopolitique mondiale.

Vu qu’elle pose des problématiques de paix ,de sécurité, d’intégrité et de dignité humaine avec cette économie criminelle et souterraine qui génère le trafic d’êtres humains , de drogues et d’organes , les violences faites aux femmes , etc.…

Vu que le Sénégal entre dans une nouvelle ère géopolitique avec la découverte des hydrocarbures donc dumping migratoire.

Vu que le principal produit d’exportation du pays est sa diaspora : des données macro économiques le démontrent à suffisance.
Donc autant de paramètres qui devraient pousser les candidats à faire de la migration leur offre politique si l’on sait que l’année 2023 est émaillé de drames qui ont endeuillé tout le peuple sénégalais.

Le Sénégal traverse une crise politique qui plombe toutes activités économiques du pays depuis plus de deux ans. L’incertitude est totale.

Le désespoir et l’instinct de survie sont les principales causes de départ. L’urgence est absolue et cette thématique devrait au centre de cette campagne pour les présidentielles de ce dimanche avec comme menu la sécurité humaine.

Nouvelle administration de la diaspora

Le nouveau président de la république doit complètement changé de logiciel avec la mise en place d’un ministère plein ou d’une agence autonome chargée des migrations internationales. Ce qui lui permettra de gérer ce dossier dans toute sa complexité, sa transversalité et sa diversité.

Aussi une nouvelle cartographie de la diplomatie sénégalaise avec de nouvelles juridictions pour une meilleure prise en charge et protection de sénégalais de l’extérieur. Ce faisant, il pourra faire de la diaspora un levier économique pour tirer le Sénégal vers les rails de l’émergence.

Le Sénégal ne pourra jamais se développer sans sa Diaspora !!!
Aujourd’hui force est de constater que pour relancer l’économie d’un pays, il faut nécessairement s’ouvrir vers les marchés extérieurs.

Pour prétendre au développement ,il faut :

  • être concurrentiel et régulièrement en quête de nouveaux marchés accessibles à tout le monde ,
  • créer la demande ,
  • accroitre l’offre en quantité et en qualité par la mise en place de nouvelles structures capables de stimuler les exportations qui vont apporter nécessairement de la valeur ajoutée sur la balance commerciale .

C’est ce que les trois principaux pays de sortie de migrants (Inde,Chine,Philippines) ont compris. L’Inde et la Chine à travers la présence massive de leurs communautés établies partout, sont devenus des pays émergents à avec des taux de croissances à deux chiffres et évolutions de leur Pib .

Cela se traduit aussi par le fait que 1/3 des fonds migratoires dans le monde, sont dirigés vers ces pays (Inde 80 milliards de dollars, Chine 67 milliards de dollars en 2018) avant la pandémie Covid 19 .

Le Sénégal à l’instar de ces pays pourrait lui aussi booster son économie par la mise en place d’un système d’incubateurs d’entreprises innovantes dans l’agro-alimentaire et l’artisanat en s’appuyant sur sa diaspora.
Un bon processus organisationnel de la diaspora, peut-être le socle du développement de notre pays déjà que les sénégalais de l’extérieur sont le plus gros bailleur de l’Etat avec des transferts de fond supérieur à l’aide au développement.

Pour cela, il faudra mettre sur pied une politique migratoire capable de prendre en charge la gestion efficace du potentiel des sénégalais de l’extérieur qui seront des acteurs sur lesquels s’adosser pour relancer notre économie surtout dans la revalorisation et la redynamisation de nos produits.

La Diaspora dans son écrasante majorité excelle dans le commerce, leur inculquer le culte du « patrimoine économique » serait bénéfique pour l’économie du pays.

Il faudra faire du Sénégal une plateforme commerciale , développer l’ industrie agro-alimentaire pour la transformation et la valorisation de nos produits locaux (Bouye , Dakhaar , Bissap , Mangues , Ditakh , Guédj , Yetth , etc… )

Et les Sénégalais de l’Extérieur à travers la création de « pôles de développements commerciaux », de centres commerciaux se chargeront de promouvoir ces produits made in Sénégal dans le monde.

La conceptualisation d’un programme innovant avec une bonne jurisprudence sur la question permettra non seulement l’émergence du Sénégal mais aussi va améliorer qualitativement les conditions de vie des Sénégalais de la Diaspora qui souffrent énormément de l’échec des politiques d’intégration structurelle.

Déjà pour ne citer que la France et les flux estudiantins, beaucoup de Sénégalais auront des difficultés pour assurer leurs frais d’inscription avec la nouvelle réforme universitaire.
Et pourtant, ces faiblesses que nous évoquons, ce potentiel économique que vous partageons ne sont qu’un coin du voile de la Diaspora qui vraiment exige et surtout mérite mieux que ce qu’elle vit….

Boubacar Séye
Président d’Horizon Sans Frontières
Consultant et chercheur en migrations internationales.

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