
Le jeudi 26 septembre 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a tenu une conférence de presse au Building Administratif Mamadou Dia pour dresser un tableau sombre de la gestion budgétaire du précédent gouvernement, dirigé par l’ex-président Macky Sall. Dans son intervention, Sonko a dénoncé une gabegie généralisée, une mauvaise gouvernance des finances publiques, et une manipulation des chiffres qui ont plongé le Sénégal dans une situation budgétaire critique.
Des Disparités Chiffres Révélées par des Audits
Le Premier ministre, appuyé par le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, a souligné que les audits commandités par le nouveau gouvernement ont mis en lumière des disparités importantes entre les chiffres annoncés et la réalité des finances publiques entre 2019 et 2023. Alors que le déficit budgétaire était officiellement annoncé à 5,5 % du PIB, les audits ont révélé qu’il atteignait en réalité 10,4 %, soit près du double. De même, la dette publique, présentée comme étant à 65,9 % du PIB, a été estimée à 76,3 %, soulignant des prêts et des financements non transparents contractés auprès des banques locales.
Déficits Cachés et Mauvaise Gestion des Ressources
Le ministre Abdourahmane Sarr a également révélé que des prêts bancaires et des tirages sur des financements extérieurs, qui auraient dû être comptabilisés, ont été utilisés de manière opaque pour financer des dépenses publiques non publiées. Pour l’année 2023, par exemple, le déficit budgétaire réel a atteint 10 % du PIB, alors que les autorités précédentes l’avaient estimé à seulement 4,9 %. Ces pratiques, qualifiées de frauduleuses, ont entraîné un sur-financement du Trésor public, compromettant la gestion future des finances du pays.
En outre, Sarr a révélé que près de 605 milliards de FCFA de sur-financement, initialement prévus pour 2024, ont été utilisés en 2023 pour couvrir des dépenses non planifiées, exacerbant ainsi la situation. Ce détournement de fonds pourrait compromettre la crédibilité du Sénégal auprès des institutions financières internationales, telles que le Fonds Monétaire International (FMI), avec lesquelles le pays est en discussions pour mettre en œuvre des mesures correctives.
Vers une Nouvelle Stratégie de Réforme
Face à ces révélations, le gouvernement sénégalais a pris des engagements forts. Le Premier ministre Ousmane Sonko a promis que la transparence et la reddition des comptes seront désormais au cœur de la gouvernance. Le gouvernement prévoit de ramener la dette publique à un niveau soutenable, à moins de 70 % du PIB, tout en réduisant progressivement le déficit budgétaire à 3 % dans les prochaines années.
Le ministre de l’économie, du plan et de la coopération, a également souligné la nécessité de revoir les politiques publiques en cours, en particulier celles financées par des ressources extérieures. Une révision des subventions, notamment dans le secteur de l’énergie, sera mise en œuvre pour mieux cibler les ménages vulnérables et réduire les subventions non ciblées. En 2022-2023, les subventions à l’énergie ont coûté plus de 200 milliards de FCFA à l’État.
*Un Appel à la Confiance et à la Mobilisation*
Sonko a exhorté les Sénégalais à garder confiance dans le projet de redressement engagé par le Président Bassirou Diakhar Diomaye Faye. Il a précisé que la priorité sera donnée à la relance du secteur privé pour soutenir la croissance et réduire la dépendance du pays aux financements extérieurs. Le gouvernement s’engage à mettre en place des réformes fiscales afin de promouvoir le civisme fiscal et d’élargir l’assiette fiscale.
Le Premier ministre a annoncé que le projet complet pour un Sénégal souverain, juste et prospère dénommé Sénégal Vision 2025, sera présenté le 7 octobre 2024, lors d’une prochaine rencontre avec les parties prenantes et la presse.