Un mois après le coup d’Etat militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum, la tension au Niger ne connaît pas de répit, en dépit des résultats positifs des efforts de la diplomatie algérienne qui a réussi à arracher un accord de la Cédéao pour encourager un processus politique et pacifique pour le règlement de la crise dans ce pays.
Au lendemain de l’ultimatum posé par les nouvelles autorités du Niger à l’ambassadeur de France Sylvain Itté, l’armée nigérienne a encerclé le périmètre de l’ambassade de France, coupé la fourniture en électricité et en eau.
Cela a lieu alors que des milliers de Nigériens en colère se sont rassemblés devant l’une des deux bases militaires françaises dès les premières heures du matin, pour exiger l’expulsion du diplomate français du pays à l’approche l’ultimatum de 48 heures qui lui a été notifié le 25 août et le départ des troupes françaises, après la dénonciation des accords de coopération militaire avec Paris début août.
La foule en colère a menacé de faire irruption dans la base militaire française, bouclée par des unités de la police et de l’armée, à la fin du préavis de 30 jours, émis le 4 août à l’adresse de l’ambassade de France à Niamey, rapportent ainsi les médias locaux.
Un ultimatum d’une semaine pour quitter
Près de 20 000 Nigériens se sont rassemblés aussi samedi dans le stade Seyni-Kountché, le plus grand du pays, portant des drapeaux nigériens et russes, pour réaffirmer leur soutien aux nouvelles autorités au Niger.
La société civile nigérienne lance elle aussi un ultimatum d’une semaine aux troupes françaises pour quitter le territoire du Niger (soit à partir du 2 septembre). Ces manifestations en soutien aux militaires au pouvoir à Niamey ont été exacerbées par les menaces d’intervention militaire de la France, sous le couvert de la Cédéao, pour réinstituer Bazoum dans ses fonctions de président du Niger.
Si le refus par le diplomate français de la convocation qui lui été adressée par les autorités du Niger a été la goutte qui fait déborder le vase, les Nigériens sont en colère contre la France, en raison surtout des révélations du président nigérian Bola Tinubu selon lequel il continue de « maîtriser » la Cédéao et qu’il est prêt à toutes les options, y compris militaire.
Bola Tinubu, président du Nigeria, a déclaré aussi que la crise au Niger, survenue à la suite du coup d’État militaire de fin juillet, doit être résolue de manière pacifique, car le conflit armé ne sert pas les intérêts de la région.
Cependant, a-t-il dit, à défaut de la soumission des auteurs du coup d’Etat aux exigences de la Cédéao, d’autres parties seraient prêtes à intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel, en allusion à la France qui aurait déjà demandé une autorisation de survol du territoire algérien, comme le confirment des sources autorisées par la radio nationale.
Réagissant à ces menaces d’intervention, les militaires au pouvoir à Niamey opposent une résistance déterminée en mettant en alerte leurs troupes et autorisant les armées burkinabè et malienne à intervenir en cas d’attaque sur son territoire, a rapporté par l’agence nigérienne de presse.
L’approche de l’Algérie soutenue
Dans ce contexte, la diplomatie algérienne a réussi, grâce à ses efforts entrepris auprès des pays de la Cédéao, à éloigner le spectre de la guerre en annonçant avoir convenu avec la partie nigériane, dont le président Bola Ahmed Tinubu est aussi le président en exercice de la Cédéao, « d’encourager un processus politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger ».
« Nous sommes, au sein de la Cédéao, comme en Algérie, sur une même ligne de travail, celle de coordonner au maximum nos efforts pour aboutir à la réalisation d’un objectif commun qui est la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger », a déclaré à la presse M. Attaf, au terme d’une tournée au Bénin, au Nigeria et au Ghana, soulignant que, pour l’Algérie, le recours à la force « a toujours été un élément de complication et non pas un élément de solution ».