Dans un long entretien préélectoral, le président russe a affirmé que son homologue français ne digérait pas la nouvelle influence de son pays en Afrique.
Si la Russie n’avait pas tant d’intérêts idéologiques, géopolitiques et géologiques en Afrique, on pourrait croire que la bienveillance du Kremlin à l’égard du continent a pour seul objectif d’importuner Emmanuel Macron.
Candidat à sa succession lors de l’élection présidentielle qui se tient du 15 au 17 mars, et à défaut d’accepter des débats avec ses opposants, Vladimir POUTINE a accordé une interview fleuve à la première chaîne de télévision russe, Rossiya 1. Il y a évoqué l’influence accrue de la Russie en Afrique et ce qu’il considère comme « une sorte de ressentiment […] aigu et plutôt émotionnel » du président français sur ce sujet.
Poutine nie entretenir le sentiment anti-français
« Nous ne sommes pas allés en Afrique pour forcer la France à en sortir », a affirmé le président russe, esquissant une zone géographique francophone qui va de la Centrafrique aux pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Et de préciser, à propos du sentiment anti-français et des « menaces » qui s’expriment ça et là contre « la présence française » : « Nous n’avons rien à voir avec cela. Nous n’incitons personne là-bas, nous ne montons personne contre la France. » l’Alliance des Etats du Sahel (AES)
Poutine a également évoqué « le célèbre groupe wagner », dont la concurrence indisposerait Emmanuel Macron. Comme à l’accoutumée, il a qualifié l’organisation paramilitaire d’entité indépendante du Kremlin, tout en disant qu’elle était pourvoyeuse de « projets économiques ». Il a également admis qu’elle était soutenue par le ministère russe de la Défense, « mais uniquement parce qu’il s’agit d’un groupe russe, rien de plus ».
Le maître du Kremlin a ensuite empoigné l’archet d’un violon humaniste, expliquant que tout État indépendant a la liberté de renforcer ses relations avec des partenaires en provenance d’autres pays que l’Occident, et notamment le sien. Et de conclure : « Oui, je pense qu’il y a de la rancune. »